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tu ne prendras plus les pincettes pour m’arracher le nez. Va donc les chercher dans le puits où je les ai jetées. Malheureuse ! n’as-tu pas eu de honte à mener ces deux innocents dans les bois et les abandonner à la merci de Dieu. Les loups pouvaient en faire leur proie. Pense à ton crime, malheureux serpent. Si Dieu ne retenait pas mon bras, je ferais un malheur.

Mon père était tout pâle. Moi-même je frémis de la sortie que je m’étais permise devant lui. Mais, du moins, j’avais le cœur soulagé.

Je passai mon temps à recevoir des visites et à en faire. Partout on me faisait l’accueil le plus amical.

Un jour, il m’arriva une lettre de M. de La Bergerie, préfet de l’Yonne ; il m’annonçait que le maréchal Davoust était à Auxerre, qu’il devait chasser le loup dans la forêt de Frétoy, et m’ordonnait de me tenir prêt pour être à ses côtés durant la chasse. Les Messieurs Trémeau étaient invités. Ils me firent habiller en chasseur pour ménager mon uniforme. Cela n’empécha pas le général de me reconnaitre. — C’est le plus petit de mes grenadiers, dit-il au préfet. — La chasse fut brillante, elle dura jusqu’à quatre heures ; après, vint un diner somptueux ; nous ne rentrâmes qu’à onze heures du soir.

Mon congé fini, je me mis en route, et je passai par Beauvoir pour emmener mon frère. Dès que nous fûmes arrivés à Paris, je le plaçai chez un marchand de vin. Je me rendis ensuite à la caserne. Mes camarades me souhaitèrent la bien-venue ; je touchai ma solde entière