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Je partis pour Druyes et j’arrivai un samedi soir chez M. Morin, au château du Bouloy, dans lequel j’étais attendu. Je n’entrai pas dans le bourg, et, suivant la vallée, j’atteignis ma destination sans être vu de personne.

Le lendemain dimanche, je me mis en grande toilette pour aller à la messe à l’église de Druyes. On m’indiqua, pour me placer, une stalle dans le chœur, à côté du maire, M. Trémeau, qui existe encore. Tout le monde se portait de ce côté pour me regarder, et tout le monde parlait de moi. Je reconnus, en face, ma belle-mère, et mon père, qui chantait au lutrin, me tournant le dos.

Je n’attendis pas que la messe fût finie pour sortir de l’église. Je me rendis chez mon père : la porte n’était pas fermée, j’entrai et je l’attendis. Quand il arriva je fus à lui pour l’embrasser ; il me serra dans ses bras et je lui rendis bien la pareille. Ma belle-mère vint aussi pour m’embrasser à son tour. Halte-là, m’écriai-je ; je n’aime pas les baisers de Judas. Retirez-vous, vous êtes une horreur pour moi.

— Allons mon fils, me dit mon père, assieds-toi là. Pourquoi n’es-tu pas venu loger chez ton père ?

— Je ne croyais pas et ne voulais pas y recevoir l’hospitalité sous les yeux de votre femme que je déteste. Des étrangers m’ont offert un asile, comme un don de l’amitié : je l’ai accepté. Je vais faire visite à