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bienfaisantes m’envoyaient, de l’extérieur, des pots de confiture et autres douceurs semblables.

Enfin, M. Morin, qui avait des propriétés superbes près de Druyes, ayant su que j’étais à l’hôpital, vint me voir et m’offrit son château pour me rétablir complètement.

J’obtins, par l’intermédiaire de M. Suze, un congé de trois mois. Soyez prudent, me dit-il ; soignez-vous bien, surtout n’habitez pas avec une femme d’ici à plus d’un an, car vous pourriez tomber à la poitrine. Les recommandations faites, il me donna un billet de sortie ; d’un autre côté, mon capitaine obtint que, pendant mon congé, je jouirais de ma paie entière, et que je pusse me rendre à Auxerre, en voiture ou dans le coche, aux frais du gouvernement.

J’arrivai dans cette ville et je logeai chez Carolus Monfort, à la porte de Paris. Aussitôt je fis venir un de mes parents, Toussaint Armancier. Je sus par lui que mon petit frère, qui avait été perdu dans les bois, était encore chez son sauveur Thibault, le meunier de Beauvoir. Je lui fis écrire, et, le lendemain, il était dans mes bras ; rien ne peut donner une idée de sa joie et de sa surprise quand il me vit en si bel uniforme. Je lui proposai de l’emmener à Paris, quand j’y retournerais. J’avais de belles connaissances, j’étais sûr de le placer avantageusement dans le commerce : il accepta ; c’était, du reste, un garçon rangé et de bonne conduite, car sur mes questions il me raconta qu’il avait déjà sept cents francs d’économies.