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Ajoutez à cela les ailes de pigeon poudrées et la queue longue de six pouces, avec le bout coupé en brosse et retenu par un ruban de laine noire, flottant de deux pouces, ni plus ni moins.

Ajoutez encore le bonnet à poil avec son grand plumet ; vous aurez la tenue d’été de la garde impériale.

Mais ce dont rien ne peut donner une idée, c’est l’extrême propreté à laquelle nous étions assujettis. Quand nous dépassions la grille du casernement, les plantons nous inspectaient, et, s’il y avait une apparence de poussière sur nos souliers ou un grain de poudre sur le collet de notre habit, on nous faisait rentrer. Nous étions magnifiques, mais abominablement génés.

Vers le même temps, je résolus d’aller chez M. Champromain, marchand de bois de Druyes, établi près le jardin des Plantes ; je le connaissais et je fréquentais un peu sa maison. C’est là que je rencontrai, pour la première fois, le jeune Larabit, qui faisait alors ses études, et que je trouvai plus tard, dans la campagne de Russie, capitaine du génie, attaché à l’état-major de l’empereur.

Pour aller chez ce M. Champromain, je suivis la rue Saint-Honoré, et, arrivant près du Palais-Royal, avant de déboucher sur la place, je fus accosté par un superbe homme qui me demanda à voir ma croix. Il me pria ensuite d’accepter une demi-tasse : je refusai ; il insista : je finis par me laisser tenter et par le suivre au café de la Régence. Arrivé dans ce beau café, il de-