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En passant sur le pont de la Révolution, je trouvai mon ancien régiment qui formait la haie. On me reconnut, les compliments plurent de tous côtés. Enfin, pressé, bousculé, je parvins à gagner le jardin des Tuileries et ma caserne. À la porte d’entrée, le factionnaire porte les armes ; je me retourne pour voir s’il n’y avait pas d’officier près de moi. J’étais tout seul ! Je m’approche et lui dis : C’est donc pour moi que vous présentez les armes ? — Oui, me répondit-il, nous avons reçu la consigne de porter les armes à tous les légionnaires. — Je lui pris la main, je la serrai fortement et je l’invitai à déjeuner avec moi lorsqu’il aurait descendu sa garde.

Mon lieutenant ne tarda pas à rentrer aussi. Il m’avait vu décorer le premier des légionnaires au dôme des Invalides ; il vint à moi et me dit obligeamment : Vous ne me quitterez pas de la soirée, je m’empare de vous. Il m’emmena promener dans le jardin des Tuileries voir les illuminations, et de là prendre le café au Palais-Royal. Nous entrâmes chez Borel, dans une espèce de caveau, où est maintenant, je crois, le café des Aveugles. Le maître de l’établissement s’approcha de nous et nous dit que nous pouvions demander tout ce que nous voudrions, que les membres de la Légion-d’Honneur étaient traités gratis. Les messieurs qui étaient là, entendant M. Borel, nous entourèrent bien vite. Le punch fut allumé, les curieux allaient toujours grossissant, nous fûmes fêtés par tout le monde ; j’en