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Le 14 juin 1804 eut lieu, dans l’église des Invalides, la grande cérémonie des décorations. À droite, en entrant sous le dôme, les soldats de la garde impériale nommés chevaliers de la Légion-d’Honneur étaient rangés dans des galeries disposées comme les galeries d’un théâtre au-dessus les unes des autres. À gauche, dans des galeries semblables, les soldats de l’armée, et au-dessus de l’armée comme au-dessus de la garde, tout autour de la rotonde, les invalides.

Les officiers de tous grades et de toute arme étaient debout au milieu, sur les dalles. Bonaparte, récemment nommé empereur, vint se placer sur un trône, à droite, entre les grenadiers de la garde et l’autel qui occupait le fond. Vis-à-vis, entre l’autel et les gradins de l’armée, on avait disposé une simple loge où Joséphine s’assit avec toutes ses dames d’honneur.

D’abord, on appela tous les grands dignitaires de la légion, jusques et y compris les officiers. Puis, l’empereur envoya à Joséphine une croix que Murat et Beauharnais lui portèrent sur un plat d’argent.

Immédiatement après, j’entendis appeler Jean-Roch Coignet ; j’étais dans la deuxième galerie de la garde, je passai devant mes camarades. J’arrivai au parterre et, traversant tout le corps des officiers, je me présentai au pied du trône. Murat et Bauharnais se tenaient là debout. Murat avait dans ses mains une grande nacelle pleine de croix, dont les cordons rouges pendaient au dehors, Beauharnais avait une pelotte garnie d’épingles.