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prodiguai tous les soins imaginables. Mon sergent-major, que j’avais mis dans mes confidences, me laissait sortir chaque jour pour aller la voir. Mais tout fut inutile… je la conduisis au champ du repos !

Ce pieux devoir accompli, je me livrai tout entier à mes occupations militaires. Tous les jours j’allais à l’exercice pour apprendre les mouvements et les manœuvres de la garde. Je continuai de fréquenter la salle d’armes, quoique je fusse déjà très-fort. Je coupai ma barbe, et je fus équipé assez promptement.

Au bout d’un mois, je fus quitte de tout noviciat et on me mit au bataillon. La discipline n’était pas sévère. On descendait pour l’appel du matin en calecon et en sarreau de toile, sans bas aux jambes. On répondait, puis on courait se remettre au lit. Mais il nous arriva un colonel nommé Dorsenne, qui venait d’Égypte, tout couvert de blessures. C’était l’homme qu’il fallait pour donner à la garde une discipline sévère et une tenue irréprochable. Il faisait trembler le plus terrible soldat. Par ses soins, tous les abus furent réformés ; au bout d’un an, nous pouvions servir de modèle à toute l’Europe,

Du reste, on ne pouvait pas désirer un plus beau guerrier sur le champ de bataille que ce colonel Dorsenne ; je l’ai vu renversé et couvert de terre par des éclats d’obus, se relever en disant : Ce n’est rien, grenadiers ! votre général est encore près de vous. —