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— Justement, reprit le sergent-major, le grand est seul en ce moment ; il n’a pas de camarade de lit ; c’est un bon garçon, il faut les mettre ensemble.

Aussitôt dit, aussitôt fait, me voilà avec un gaillard qui avait six pieds quatre pouces ! Quand on me présenta à lui, il se mit à rire et s’écria qu’il pourrait m’emporter en contrebande sous sa redingote.

Je payai ma bienvenue de manière à contenter tout le monde, puis je demandai la permission de sortir, pour faire quelques courses dans Paris.

Mon premier soin fut de voler à la place du Pont-Neuf, chez le chapelier où ma sœur était domestique. J’arrive, je montre au maître de la maison la lettre qu’il avait eu l’obligeance de m’écrire au Mans, et je demande à voir ma sœur Marianne. Attendez un moment, dit-il, votre grande barbe lui ferait peur, je vais l’avertir. Bientôt il revient et m’emmène dans la maison. J’aperçois une grosse mère, et nous nous jetons dans les bras l’un de l’autre en pleurant de joie,

Après le premier moment d’effusion, elle m’annonce que mon frère aîné est à Paris et qu’il va venir la voir sur les midi. Quel bonheur pour moi ! Je cours bien vite à l’appel, et à une heure j’étais revenu chez le chapelier.

Cette fois, mon frère m’avait précédé. Ma sœur lui raconta qu’elle m’avait vu, et que j’étais arrivé dans la garde consulaire. Il ne pouvait le croire. Fais-bien attention, dit-il, de ne pas te laisser tromper. Ne vas pas faire connaissance d’un soldat de rencontre et nous