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SONNETS DE GABRIELLE DE COIGNARD


III



O desirs mes mignons qui sur vos sainctes aisles,
Volez plus vistement que le vent plus leger :
C’est ores, mes mignons, qu’il vous faut desloger
Sans plus vous arrester aux choses temporelles.

Çà bas tout est laideur pour les ames plus belles,
Ne poursuivez donc rien du monde passager,
Les objects terriens ne vous font qu’affliger :
Il faut cercher au ciel les graces eternelles.

Mais quand vous y serez, ô desirs bienheureux,
Ne retournes jamais en ce val douloureux,
Mais attendez là haut que mon heure ait bornee

La vie de ce corps, et tandis, beauz desirs,
Faictes un grand amas des eternels plaisirs
Pour festoyer là haut mon ame retournee.