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LE THRESOR DU SOÑET
XC

SEIGNEUR, si quelque fois mon amour diminue,
Et de ton feu divin mon cœur se refroidit :
L’on ne peut pas tousjours aussi comme l’on dit
Estre en un mesme estât et force continue.

II n’est rien d’asseuré qui soit dessoubz la nuë,
Mesme l’astre nuictal descroit et s’arrondit,
Ainsi quand peu à peu mon désir s’attiédit,
Je sens un vray regret de ma faute cognuë.

Or tant que la grand mer nourrira des poissons
Et l’esté chaleureux meurira les moissons
Et les bois porteront leurs espesses ramées :

Je te louray, Seigneur, et la postérité
Lira des vers de moy qui, chauds de charité,
Rendront de ton amour nos âmes enflammées.