Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

J’ajoute — permettez-le moi — que, dans ce même livre, P. Leroux dit quelque part que le public fait subir plusieurs épreuves aux idées nouvelles. — La première consiste à accuser l’auteur de battre en brèche tout ce qu’il y a de sacré, de consacré, d’hyper-sacré sous le ciel. — La seconde à étouffer l’homme et sa pensée sous l’odieuse conspiration du silence. — La troisième à s’aviser que ses idées ne sont plus ni étranges ni nouvelles, mais qu’elles viennent des Chinois, des Grecs ou des Arabes. — Les Arabes surtout sont fort à la mode. Je ne connais pas une seule découverte en médecine dont l’honneur n’ait été revendiqué pour le compte de Mahomet. J’ai subi ces trois phases du carcan public. Aussi faut-il voir comme j’aime la foule ! Une seule de ces épreuves m’a été sensible, l’abandon de mes amis ou tout au moins l’expression plus que douteuse de leurs sympathies personnelles qui n’avaient rien à voir cependant avec le Cosaquisme. — Passons. — Aussi bien je sens que je suis long, mais je ne puis pas dire tout à la fois.


…. Ensuite, vous recherchez les causes de ma triste erreur. Et vous dites : "Qu’elle tient uniquement à un faux jugement historique en vertu duquel on a accepté l’invasion du monde romain par les Barbares comme une chose bonne, heureuse, providentielle, nécessaire au triomphe du Christianisme, et que nous devons bénir." Eh bien ! oui, mon cher, tel est le jugement que j’ai porté sur l’invasion des Barbares ; et comme vous l’avez prévu, il sera bien difficile de me convaincre que ce jugement soit faux.

— Mais avant que je cherche à vous en démontrer de nouveau la justesse, laissez-moi vous dire que, loin d’être l’unique cause de mon erreur, ce jugement n’est, selon moi, que d’une importance fort secondaire comparativement aux preuves que j’ai demandées à l’universelle transformation, à la physiologie de l’Homme et aux harmonies antinomiques. Vous partagerez mon opinion à cet égard si vous voulez bien vous rappeler l’esprit général de mon livre De la Révolution, et non pas seulement les conclusions applicables aux événements actuels que j’en tire dans le chap. 5. — Que je vous rappelle aussi que, ma méthode consistant à déduire mes jugements de données analogiques, il en résulte que si mes analogies sont justes, mes jugements ne peuvent être faux. Peut-être avez-