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LES COUSINES DE LA COLONELLE

Le valet de pied s’élança pour ouvrir la portière, et le vicomte tendit les deux mains pour aider la jeune femme à descendre.

Puis, passant la petite main droite de Julia sous son bras gauche, il l’y appuya câlinement.

— Madame la vicomtesse veut-elle me permettre de la conduire chez elle ? murmura-t-il doucement.

Une pression de main plus affectueuse fut la réponse, et Julia franchit le seuil de cette demeure, sur les tentures de laquelle devaient s’écrire bien des pages de sa vie.

C’était un charmant petit nid, entre cour et jardin, comme les gens qui aiment plus leur confortable intérieur que les satisfactions vaniteuses en peuvent trouver dans ce quartier.

L’installation, quoique improvisée, avait un aspect harmonieux et artistique.

Le tapissier chargé de l’agencement avait acheté en bloc tout ce qui appartenait à un jeune ménage, plus amoureux du plaisir que de la raison, et qui devait au plus vite aller expier dans les horreurs de la Pologne ses péchés de prodigalité.