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LES COUSINES DE LA COLONELLE


tard, quand Mlle Saska ne sera plus, alors…

— N’espère pas que je consente, même tacitement, à pareil arrangement. Vois-tu, mon enfant, la pureté d’une femme est chose si précieuse qu’on ne doit point l’exposer légèrement ; tu ne sais pas ce que c’est que la vie, ni ce que signifient ces mots : union de l’homme et de la femme ; et moi, qui le sais, je dois prévenir ton inexpérience. Le vicomte, du reste, ne voudrait pas en abuser.

— Je l’aime, murmura celui-ci.

— Et moi, chère et bonne cousine, reprit Julia, je vais mettre vos scrupules à néant, en vous avouant ce que je n’ose vous dire, que mon bras à son cou, cachée contre son cœur ! C’est que… c’est que… je suis à lui, déjà, non en paroles, mais de fait, et que, continua la jeune femme en relevant la tête, j’en suis, non honteuse, mais fière, heureuse, et que je renoncerais plutôt à l’existence qu’à jouir encore du bonheur que j’ai goûté dans ses bras.

Toute effarée, Mme Briquart se souleva de son fauteuil.