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LES COUSINES DE LA COLONELLE

— Ou ?

— N’attends rien de moi, ni dans le présent ni dans l’avenir, car je te considérerais comme un parjure. Mais nous n’en sommes pas là ; donc silence, pas un mot de plus, et s’il y a une amourette sous feu, laisse-la mûrir, en attendant que j’aie achevé mon voyage sur terre ; j’ai quatre-vingts ans, cela ne sera pas bien long.

Gaston se tut ; involontairement il jeta un coup d’œil sur sa tante.

Elle était longue, maigre, ridée ; ses cheveux faisaient songer aux sommets de la Jungfrau, et ses dents jaunes révélaient un long exercice. Mais elle était droite comme un jonc, faisait chaque jour encore ses huit kilomètres à pied, par mesure d’hygiéne, mangeait un demi-poulet ou l’équivalent, accompagné d’une bouteille de Saint-Julien à chaque repas, sans en être incommodée, et paraissait destinée à atteindre la centaine.

Gaston passa tristement une semaine près d’elle et reprit le chemin de Paris. Qu’allait-il apprendre à Julia ? Qu’allait-il faire ?