Page:Coeur-Brûlant - Les Cousines de la colonelle, 1911.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
LES COUSINES DE LA COLONELLE


car je compterai les minutes qui nous sépareront.

Le vicomte pressa tendrement la jeune femme sur sa poitrine et la quitta, en lui disant :

— Je t’aime, à bientôt.

Le surlendemain, il montait en chemin de fer, et, trois jours après, le vieux manoir des Saski recevait sa visite.

C’était une de ces antiques demeures féodales, comme la Pologne en compte des milliers.

Perchée sur une montagne, semblable au nid d’un aigle gigantesque, le castel dominait la vallée par-dessus les cimes de longues plaines de sapins s’étendant à perte de vue.

Il avait grand air ce manoir, et la vue de sa châtelaine ne diminuait pas l’impression reçue. Damoiselle Athénaïs Saska avait eu, disait-on, une jeunesse non exempte d’orages.

Une désillusion l’avait atteinte, et blessée autant dans son affection que dans son orgueil, elle s’était réfugiée sur les hauteurs de son âme en même temps que sur celles