Page:Coeur-Brûlant - Les Cousines de la colonelle, 1911.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
LES COUSINES DE LA COLONELLE


vingt personnes, et que ces mots brûlants, que mon cœur dicte à mes lèvres, doivent se figer sous un banal sourire avant d’arriver à vos oreilles. Cela, parce que d’absurdes convenances ne nous permettent pas de nous voir seuls, seuls ; de façon à ce que je puisse au moins plaider ma cause, essayer de vous convaincre que ma vie vous appartient et que la possession de la vôtre me comblerait de bonheur.

Le vicomte n’apprenait rien de bien nouveau à la jeune fille, mais c’était la première fois qu’il lui disait nettement : « Je vous aime. »

Elle éprouva une sensation de délicieux épanouissement, car, elle se l’avouait, elle aussi aimait l’homme jeune, beau, élégant, qui lui tenait ce langage aussi passionné que les circonstances extérieures le lui permettaient et qui la troublait jusqu’au fond de l’âme.

— Je vous ai dit, Julia, la cause de mon oppression, et vous, ne me direz-vous pas la cause de la vôtre ? car, vous aussi, vous étiez mal à l’aise.

— Non, pas ici ; nous discourons de