Page:Coeur-Brûlant - Les Cousines de la colonelle, 1911.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
LES COUSINES DE LA COLONELLE


des allées et venues continuelles de couturières et de modistes, Mme Briquart faisait très largement les choses.

— Je ne te donne que ton trousseau, avait-elle dit à sa jeune cousine, au moins je veux te le donner joli.

Et la bonne dame avait choisi avec un soin minutieux les coquets déshabillés, les fines batistes enrubannées et ces mille riens composant un tout qui doit être le joli cadre des nuits d’amour.

— Mais, cousine, disait parfois Florentine, pourquoi tous ces raffinements pour des vêtements que personne ne voit ?

La vieille dame souriait et disait :

— Laisse-moi donc m’amuser un peu.

Mme Briquart connaissait le cœur humain, le savait rempli d’illogisme et ne doutait pas que son neveu, pour avoir usé largement de ses droits de célibataire, ne fût un grand pécheur devant l’Éternel.

Il avait passé les heures de loisir de sa jeunesse, et même celles d’après, dans un milieu plus voluptueux qu’intelligent, où un luxe extrême tient lieu des émotions de l’âme, absentes ou rares chez les prêtresses