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LES COUSINES DE LA COLONELLE

Elle les avait prises, les avait élevées à sa façon et en se demandant parfois quel avenir attendait ces deux charmantes créatures qu’elle aimait comme si elles lui eussent appartenu par les liens les plus étroits, ceux de la maternité.

— Jeunes, belles, pas fortunées, se disait-elle, que de dangers ! que d’écueils et de souffrances les attendent !

Ce matin-là, la colonelle avait mangé sa côtelette du bout des dents et la demi-bouteille de chambertin qu’elle avait, comme mesure d’hygiène, la coutume d’absorber à chaque repas, était restée presque intacte.

Lorsque le café fut servi, que Coralie eut quitté la salle à manger, Mme Briquart leva les yeux sur Florentine et lui dit assez brusquement :

— Fillette, est-ce que tu éprouverais quelque répugnance à devenir madame ?

La jeune fille leva les yeux en rougissant, et toute souriante, répondit :

— Mais non, cousine, cela dépendrait avec qui je devrais passer ma vie.

— Ah ! voilà : avec quelqu’un qui t’adore.