Page:Coeur-Brûlant - Les Cousines de la colonelle, 1911.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
LES COUSINES DE LA COLONELLE


répondre, la porte du salon s’ouvrit et la vieille camériste de la colonelle annonça le vicomte Saski, nom qui creusa plus profondément les légers plis estompés aux tempes du cousin Georges, et l’influence du temps amena, sans doute, un nuage rose sur les joues de Julia.

— Que c’est donc aimable à vous d’avoir bravé la tourmente pour venir nous voir, dit gracieusement au nouveau venu Mme Briquart, en lui tendant sa main blanche et ridée, sur laquelle, suivant un usage suranné en France, mais encore charmant en Russie et en Pologne, le jeune homme s’inclina et déposa un respectueux baiser.

— Une promenade au Kamtchatka me semblerait délicieuse si je devais vous y rencontrer, répondit galamment le vicomte, dont les lèvres parlaient à son interlocutrice, mais dont les regards, passant par-dessus sa tête, en disaient beaucoup plus long à la brune Julia.

— Vous êtes un flatteur qu’on ne saurait bien fort gronder, après l’acte héroïque d’affronter la tempête jusqu’au fond du vieux faubourg, sans autre attraction que