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LES COUSINES DE LA COLONELLE


amies, que nous avons eu le malheur de perdre il y a quelques mois.

Ce souvenir douloureux évoqué amena un nuage humide sur les beaux yeux noirs de la belle enfant ; elle méritait encore cette qualification, ayant dix-huit ans à peine.

Grande, mince, gracieuse dans sa démarche, elle réalisait un type d’exquise distinction, qui frappa Gaston, blasé cependant sur ce genre d’impression par son séjour à Paris.

Il ne voulut pas paraître trop inférieur à cette belle personne et se mit en frais d’amabilité ; la tante était de bonne humeur.

Le dîner fut charmant, et Gaston s’avoua que ce jeune visage égayait agréablement le manoir et que la musique de la voix d’or qu’il entendait gazouillait agréablement.

Aussi ne parla-t-il point de départ, et quinze jours s’étaient écoulés sans que le premier mot de la fameuse confession eût été prononcé.

S’exécuter devenait cependant urgent ; la tante lui en fournit l’occasion, en lui disant un matin :