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LES COUSINES DE LA COLONELLE


missantes qui l’avoisinaient ; puis, collant ses lèvres sur le provocant petit monticule qui s’avançait vers lui, en se gonflant comme un geai en colère, il le prit, dans un de ces longs baisers qui tuent parfois les femmes, mais seuls leur donnent la sensation extrême des voluptés terrestres.

Julia, sous cette brûlante caresse, perdit vite conscience d’elle-même ; ses sens, déjà mis en éveil par la scène du boudoir de chez Mme Briquart, n’étaient plus effarouchés par la douleur et vibraient à l’unisson de ceux de Gaston. Aussi, lorsque la voyant haletante, affolée, il se plongea dans son sein avec la lenteur sûre qui permet de savourer les sensations, elle jeta un cri dont l’écho retentit jusqu’au fond de son cœur à lui, correspondant pleinement avec ce qu’il éprouvait ; leurs êtres se fondirent en un spasme inouï, dont la violence ne les désunit pas ; leurs lèvres devinrent pâles, inertes, leur gosier sans voix, leurs nefs sans force, mais ce fut l’un dans les bras de l’autre, lorsque le sentiment de la réalité leur fut parvenu, qu’ils se retrouvèrent. Ceux-là seuls qui ne