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un des plus remarquables hégéliens, mais essaya de rapprocher Hegel de Kant.

Il existe encore dans la philosophie russe un autre courant, issu non plus de Hegel et de l’idéalisme allemand, mais de Leibnitz et qui a des points de contact avec des néo-leibnitziens du genre de Lotze. À la tête de ce mouvement est Koslov, le défenseur original et spirituel du panpsychisme. À l’encontre de toutes les gnoséologies de ce temps, Kozlov défend l’ontologisme et considère comme l’objet fondamental de la gnoséologie l’analyse du concept de l’Être. Suivant Kozlov, les matériaux de la construction de ce concept sont donnés immédiatement dans la conscience. Mais il est nécessaire de faire une distinction entre la conscience et la connaissance, entre les états de conscience se transformant en connaissance, et ceux qui ne se transforment pas de la sorte, distinction que beaucoup de philosophies négligent de faire. Les matériaux de l’Être sont donnés dans la conscience primitive et immédiate, et ordinairement on les cherche dans la conscience secondaire et déjà rationalisée. L’Être est toujours révélé, dans la conscience immédiate, comme vivant, animé, individuel et concret ; Kozlov grâce à cette originale gnoséologie est conduit à réhabiliter la monadologie de Leibnitz ou panpsychisme. Le panpsychisme de Kozlov n’est pas le vieux spiritualisme, il tient compte des récents progrès de la philosophie. Kozlov critique Kant délibérément et donne la préférence à Leibnitz ; mais il est passé par Kant et y a pris beaucoup, notamment sa théorie de l’espace et du temps. Tout être est pour Kozlov hors du temps et de l’espace. C’est là la base de son ontologie. Toutes les catégories gnoséologiques ont, chez lui, un fondement ontologique dans la substantialité du moi. Kozlov est le défenseur intransigeant de la métaphysique substantialiste. Pour lui la substantialité du moi est donnée primitivement et est le point de départ de la gnoséologie. L’ontologisme de Kozlov est très caractéristique de la philosophie russe.

Des remarquables philosophes de la génération précédente un seul est vivant : Lopatine. Il concilia très originalement Leibnitz avec Schelling et, quoiqu’il ne soit pas un disciple direct de Soloviev, leurs esprits sont apparentés. Le principal service rendu par Lopatine consiste dans son originale théorie de la causalité et de la liberté, théorie qui n’a pas sa pareille dans la philosophie de notre temps. Lopatine voit dans la casualité l’édification métaphysique de la substance, et, dans la liberté, sa puissance créatrice. À la suite de Kozlov et de Lopatine, vient Askoldov, métaphysicien rattaché aussi à Leibnitz