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respondîmes. J’eus l’idée de « David » et j’allai le rejoindre à Leysin.




Un acrobate ferait la parade du « David », grand spectacle supposé donné à l’intérieur ; un clown qui devint ensuite une boîte, pastiche théâtral du phonographe forain, formule moderne du masque antique, chanterait par un porte-voix les prouesses de David et supplierait le public de pénétrer pour voit le spectacle intérieur.

C’était, en quelque sorte, la première ébauche de « Parade », mais compliquée inutilement de bible et d’un texte.

Cela contenait de bonnes et de mauvaises choses ; idée trop fraiche, trop réactive, et je me félicite que des événements nous aient évité une demi-erreur, plus grave qu’une erreur.

C’était pour moi époque de transformations. Je muais, j’étais en pleine croissance. Il était naturel qu’à la frivolité, la dispersion, le bavardage, succédât un besoin excessif de sobriété, de méthode et de silence. De plus, sans connaître l’opinion des peintres, je sentais bien ce que pouvait avoir de détestable pour le génie d’Igor, l’atmosphère chèvre et chou des Ballets Russes, et la difficulté, pour un artiste, de se concentrer dans un cadre si vaste et d’aussi formidables apparats.

Mais l’idée n’était pas mûre.