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ans ne saurait entrer enligne de compte.) « Alors, pourquoi faites-vous des œuvres de théâtre ? » C’est justement l’infériorité du théâtre d’être tenu, pour vivre, à des réussites immédiates.


¶ Lorsque je dis de certains spectacles de cirque ou de music-hall que je les préfère à tout ce qui se donne au théâtre, je ne veux pas dire que je les préfère à tout ce qui pourrait se donner au théâtre.


¶ Le music-hall, le cirque, les orchestres américains de nègres, tout cela féconde un artiste au même titre que la vie. Se servir des émotions que de tels spectacles éveillent ne revient pas à faire de l’art d’après l’art. Ces spectacles ne sont pas de l’art. Ils excitent comme les machines, les animaux, les paysages, le danger.


¶ Cette force de vie qui s’exprime sur une scène de music-hall démode au premier coup d’œil toutes nos audaces. Cela vient de ce que l’art est lent, circonspect dans ses plus aveugles révolutions. Ici, pas de scrupule, on saute les marches.