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— Non. Toujours rien. Aucun appareil à l’horizon. Mais c’est le radio qui voudrait que vous veniez au bureau. Il essaye d’avoir Port-Étienne pour savoir si le courrier est signalé. Il peut y avoir eu un retard…

— Oui, murmura Saint-Flavien. Je te suis…

L’angoisse le serrait à la gorge quoiqu’il tentât de la dissimuler. On n’avait pas de nouvelles de l’avion postal faisant le service de l’Amérique du Sud depuis l’escale de Casablanca. Il aurait du être arrivé à Juby depuis plusieurs heures.

Il revint, avec le mécano Picaud vers le camp d’aviation. Là, les pylônes électriques faisaient luire durement les hangars faits de béton et de métal. Il poussa une porte, entra dans le poste où le radio, penché sur son appareil, casqué, essayait de capter les voix mystérieuses de l’air :

— Alors ? demanda Saint-Flavien.

Le radio fit simplement « non » de la tête. Il continuait d’écouter.

— Je tiens Agadir ! cria-t-il. On va savoir…

Saint-Flavien, pâle, les poings crispés, attendit :

— Agadir ne répond pas ?

— Non, indiqua le radio d’un signe.

— Cherche Casablanca…

Des mécanos, deux aviateurs militaires en escale entraient. Ils formaient autour de l’homme qui communiquait avec le ciel un groupe silencieux, aux figures tendues, aux yeux fixes. Le drame qui se passait peut-être quelque part, dans l’air ou sur terre, les inquiétait d’autant plus que le sort du courrier pouvait être le leur demain. On a beau s’entraîner à l’idée de la catastrophe et de la mort, quand on les sent tout près de soi, le plus fort ne peut se défendre d’une secrète horreur :

— Voilà Casablanca, dit le radio.

Il écoutait, le visage crispé. Saint-Flavien piétinait d’impatience. Enfin, le radio griffonna quelque chose sur un bloc-notes à côté de lui. Tous se penchèrent pour lire :

— Courrier Amérique du Sud atterri à Casablanca à