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Oui, mais il y avait la chanson des « Cloches de Nantes »…

Comme il s’entretenait courtoisement avec Ahmer Saloun, il entendit des cris rauques, assez loin, et perçut une forte agitation dans un groupe. Il semblait que des hommes entraînassent quelqu’un qui résistait désespérément :

— Ce n’est rien, dit le Maure qui avait suivi la direction de son regard. Un esclave qui a commis une faute et qu’on va châtier…

Un frisson secoua l’aviateur. Si son arrivée avait été le signal d’un redoublement de souffrance pour ceux qui avaient disparu ?

Le repas du soir eut lieu avec le même cérémonial que la veille. Mais Saint-Flavien prétexta un peu de fièvre pour se retirer de bonne heure. Son plan était celui-ci. Le camp était sévèrement gardé dès que la nuit était tombée. Il s’agissait d’en sortir avant qu’on éteignit les feux. Lui et Bakar rentrèrent ostensiblement dans leur tente. Là, Saint-Flavien, avec un couteau, fendit l’étoffe du côté opposé à l’entrée et tous deux se glissèrent au dehors.

Quelques minutes après, ils étaient dans le désert. Le soleil venait de disparaître, laissant derrière lui des nuées violettes. Ils s’éloignèrent en rampant et assez loin, se retournèrent pour être bien certains qu’on ne les avait pas suivis. Le campement était calme. On voyait encore quelques esclaves aller et venir. Quelque part, dans une tente, une petite flûte maure jouait un air langoureux et saccadé. Ils attendirent que l’obscurité fût complète.

Alors, à tâtons, ne voulant pas attirer l’attention d’un veilleur en allumant leurs lanternes électriques, ils se dirigèrent vers les dunes de l’Est.

Elles étaient très hautes et formaient une espèce de couloir assez étroit. Là, ils étaient à l’abri des regards. Saint-Flavien alluma sa lampe électrique, imité par Bakar et tous deux retinrent un cri.

Dans le sable, au pied d’une des dunes, un être hu-