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dessinée du chef. Il ne répondit rien, mais d’un geste, il invita les deux hommes à pénétrer dans la tente.

L’aspect intérieur en était riche. Des peaux de bêtes, de lourds coussins de cuir jonchaient le sol. Sur une table basse en bois précieux, incrustée d’ivoire et de nacre, on voyait les deux récipients traditionnels qui servent à la préparation du thé — ce breuvage qui tient dans la vie du Maure une place considérable — la « marège » ou bouilloire à fond plat et la « barrad » qui est la théière.

Tandis que s’échangeaient encore des formules de politesse, un serviteur commença à préparer le thé, tandis qu’un autre apportait un énorme pain de sucre.

Suivant le rite, Saint-Flavien et Bakar burent leur thé avec de grands remerciements et de grandes démonstrations de reconnaissance. Puis, posant son verre vide, l’aviateur prit la parole :

— Chef, dit-il, je sais que tu ne m’interrogeras pas sur les motifs de ma présence dans ces parages, assez éloignés des lieux où je suis attaché. Mais je veux, moi, t’en informer en toute franchise. Sais-tu qu’il est arrivé un grand malheur à des blancs, en plein désert, il y a quelques jours ?

— Non. Lequel ?

— Une machine volante comme la mienne s’est écrasée dans le sable et ceux qui la montaient sont morts.

— Allah est maître ! dit gravement Ahmer Saloun.

— En vérité, dit Saint-Flavien, il est maître et nous sommes peu de choses entre ses mains. Or, je suis venu te demander un renseignement, à toi, un des plus grands chefs nomades. Il y a deux ans, un accident tout pareil est arrivé. Mais si on a pu sauver un des aviateurs, le second et une femme qui les accompagnait ont disparu. On a longtemps espéré leur retour. Et maintenant, je cherche le lieu où ils ont pu périr afin d’élever une pierre tumulaire pour perpétuer leur souvenir. Ne peux-tu me donner aucun renseignement ?

— Où dis-tu qu’à eu lieu la chute de la machine volante ? demanda Ahmer Saloun.