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un poste perdu où cet homme vivait seul de sa race, sans communication avec personne. Il accueillit joyeusement l’aviateur :

— Ça me fait plaisir de voir une figure blanche ? Entrez donc chez moi…

Chez lui, c’était un petit poste où on voyait un lit de camp, une table ; quelques photographies piquées aux murs rappelaient à cet exilé qu’il avait vécu ailleurs, qu’il avait eu une famille. Le sergent alla chercher une bouteille de vin, en offrit à Saint-Flavien et à Bankar :

— Dites-moi, sergent dit Saint-Flavien, vous n’avez pas vu un avion, hier ?

— Bien sûr que si, dit le vieux soldat. Même qu’il a atterri ici.

— Morez 56, hein ? C’est bien cela ?

— Exactement. Ils étaient deux hommes, le pilote et un mécano.

— À quelle heure ?

— Vers cinq heures. On n’y voyait pas. Je leur ai offert de passer la nuit ici, ils n’ont pas voulu. Ils ont ouvert des boîtes de conserves, nous avons mangé un morceau ensemble. Et puis, hop ! Ils sont repartis !

Ses traits s’obscurcirent devant le silence de Saint-Flavien :

— Est-ce qu’il leur est arrivé quelque chose ?

— Je le crains. Nous avons perçu cette nuit l’appel de détresse. Je cherche.

— Ils avaient du courage ! dit le vieux sergent en remuant la tête. Deux beaux gars, pour sûr ! Mais quoi ? On a beau être fort, l’air vous prend et vous garde… Y a pas à lutter…

— Dans quelle direction sont-ils partis ?

— Est-Sud-Est, je pense. Mais je les ai perdus de vue tout de suite… Buvez donc mon vin, il n’est pas mauvais. On me l’a apporté de Tunis…

Saint-Flavien avala le contenu du verre, tendit la main au sergent :

— Merci. Au revoir !