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ments se succèdent sans interruption, compliqués par la présence de Pagello, devenu jaloux. Ajoutez à cela que tout le bruit fait autour d’eux déchire brutalement le bandeau qui les aveuglait : ils comprennent combien leur situation est fausse et ridicule.

Après un de ces orages, Alfred de Musset, n’y pouvant plus tenir, envoie ce billet à George Sand : « Je vais mettre une seconde fois la mer et la montagne entre nous ; si Dieu le permet, je reverrai ma mère, mais je ne reverrai jamais la France ».

Quelques jours plus tard, nouvelle lettre dans laquelle il la remercie de lui accorder un rendez-vous : «…Quant à ma résolution de partir, n’en parlons pas, elle est irrévocable. Je l’ai prise hier soir en me couchant. Ce matin, j’ai ouvert ma fenêtre et j’ai regardé le soleil ; lui-même, du haut des sphères célestes, il n’aurait rien vu qui put la changer. Quoique tu m’aies connu enfant, crois aujourd’hui que je suis homme ; je ne m’abuse sur rien, je ne crains, ni n’espère rien….. »

En même temps, il écrivait à Buloz :

« Lundi, 18 [août 1834.]

« Mon ami, ma mère me donne de quoi aller aux Pyrénées, et je vais partir. Dites-moi si vous croyez pouvoir, quand je serai là-bas, m’envoyer quelqu’argent. J’y vais pour travailler ; je vous donnerai d’abord les vers que je vous ai promis, vous aurez ensuite et bientôt mon roman. Je m’engagerai, si vous voulez, à un dédit pour une époque que vous fixerez, et à laquelle vous recevrez le manuscrit entier, à moins de maladie grave, auquel cas, tout vous sera fidèlement rendu. Répondez-moi un mot ou venez me voir si vous avez le temps. Mais tout de suite, car je ne serai pas ici vendredi.

« T. à v. « ALFd DE MUSSET. »

Il devait aller à Toulouse voir son oncle, M. Desherbiers, alors sous-préfet à Lavaur ; de là aux Pyrénées,