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combien était fondé le juste remords qui m’a saisi à cet article de votre lettre. Mais je vous promets que jamais, jamais, je ne boirai plus de cette maudite boisson — sans me faire les plus grands reproches.

« George me mande que vous hésitez à venir ici avec elle ; il faut venir, mon ami, ou ne pas la laisser partir. Trois cents lieues sont trop longues pour une femme seule…..

« ALFd DE Mt. »

Un mois plus tard, le 19 juillet 1834, George Sand écrivant à Boucoiran, pour lui annoncer son retour, lui disait :

«…..J’en ai fini avec les passions ; la dernière est celle qui m’a fait le plus de mal, mais c’est la seule dont je ne me repente pas, car il n’y a eu dans mes chagrins ni de ma faute ni de celle d’autrui. Vous dites que vous ne l’approuviez pas, mon ami ! Il y a des choses entre deux amants dont eux seuls au monde peuvent être juges !…. »

Elle ne prévoyait pas alors les orages futurs.


IV

VOYAGE DE MUSSET A BADE

George Sand, à son tour, avait quitté Venise ; le 29 juillet, elle était à Milan, puis elle traversait la Suisse ; elle arrivait à Paris vers le 10 août — avec Pagello. — Alfred de Musset, qu’elle avait prévenu depuis longtemps, l’attendait, et leur premier soin fut de se revoir. C’est par le livre de Mme Arvède Barine[1] qu’il faut connaître cette période de leur existence : brouilles et raccommode-

  1. L’auteur a consacré un long chapitre aux relations d’Alfred de Musset et de George Sand. Des documents précis, habilement groupés, des extraits de lettres, en font un ensemble psychologique des plus attrayants.