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entendu dire que mon compagnon de voyage, après avoir fait une maladie mortelle à Venise, a été forcé, par l’état de sa poitrine, de quitter l’air de l’Italie et de retourner en France. Je suis restée ici pour achever mon travail et jouir encore quelque temps du séjour de ce beau pays….. »[1]

Le brusque retour du poète sans sa compagne avait prêté à des récits fort éloignés de la vérité : ne sachant rien, on inventait. Les premières semaines, confiné dans sa solitude volontaire, Musset ignora ce qui se disait ; mais dès sa rentrée dans le monde, ces méchants propos parvinrent à ses oreilles. Ce fut Buloz qui, sans le savoir, éveilla ses soupçons. Alfred de Musset donna le démenti le plus formel à tous ces mensonges et défendit énergiquement George Sand. Mais les insinuations malveillantes de Gustave Planche avaient fait leur chemin ; malgré ses efforts, Musset ne put imposer silence aux calomniateurs. De leur côté, les amis de George Sand avaient jasé à tort et à travers, et quand on sut qu’elle allait revenir avec le troisième complice, ce fut un véritable scandale.

Le 15 juin, Pagello avait écrit directement à Alfred de Musset. Sa lettre, dont Mme A. Barine avait publié un fragment[2], a été citée en entier par M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul[3]. Le 11 juillet, Alfred de Musset lui répondait :

« Al mio caro P. Pagello,

« Mon cher, vous êtes bien gentil de m’avoir un peu écrit ; je dis un peu, car ce n’est guère ; mais si petit que soit le morceau de papier qui me parle de votre amitié, en quel moment de ma vie ne sera-t-il pas bien reçu ? Il n’en est peut-être pas de même de vos recommandations sur le vin de champagne, et je n’ose avouer au grand salviatico Pietro,

  1. Lettre inédite.
  2. Alfred de Musset, par A. Barine. Paris, Hachette, 1893. 1 vol. in-12, p. 73.
  3. Véritable histoire, etc…., p. 39.