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précautions, il réussit à boire en s’échappant, sous prétexte de promenade en gondole. Chaque fois, il eut des crises épouvantables, et il ne fallait pas en parler au médecin devant lui, car il s’emportait sérieusement contre ces révélations. »

On était alors aux premiers jours de mars ; un secours inattendu arriva aux malheureux voyageurs. M. Alfred Tattet visitait l’Italie, en compagnie d’une personne dont le nom fut célèbre au théâtre[1] ; il fit un détour pour venir voir à Venise son ami Alfred de Musset, qu’il croyait en bonne santé. Il le trouva revenant à la vie ; lui aussi se fit garde-malade et ils furent trois au lieu de deux :

«…J’ai tâché pendant mon séjour à Venise, écrivait-il à Sainte-Beuve, de procurer quelques distractions à Madame Dudevant, qui n’en pouvait plus ; la maladie d’Alfred l’avait beaucoup fatiguée. Je ne les ai quittés que lorsqu’il m’a été bien prouvé que l’un était tout à fait hors de danger et que l’autre était entièrement remise de ses longues veilles….. »[2].

Un billet de George Sand vient confirmer cette lettre :


« A Monsieur Alfred Tattet, hôtel de l’Europe.

« Alfred ne va pas mal ; nous irons au spectacle si vous voulez. Mais guérissez-vous de votre rhume et soignez-vous.

« Tout à vous.

« GEORGE. »

Dès qu’il avait pu le faire, Alfred de Musset avait écrit à sa mère pour lui dire son état et lui annoncer son

  1. Je n’avais pas cru devoir donner le nom de Mlle Dejazet par égard pour Mme Tattet. M. Mariéton ayant trouvé ce nom dans mes notes s’est empressé de le publier.
  2. Cette lettre, datée de Florence, 17 mars 1834, a été publiée par M. le Vicomte de Spoelberch de Lovenjoul (Cosmopolis).