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donnée à un autre homme sous les yeux de celui qu’elle soignait avec un dévouement sans bornes. Toute sa vie, elle a protesté contre cela ; elle s’est défendue, non pas d’avoir été la maîtresse de Pagello, mais de l’être devenue dans les circonstances que voilà. — Je parle du fait matériel et non de la déclaration adressée par elle à Pagello et signalée par le docteur Cabanès. Le meilleur moyen de détruire cette légende, ne serait-il pas de publier la correspondance des deux amants ? Mais une correspondance complète, et non des lettres tronquées comme celles qui circulent sous main.

D’autre part, madame Tattet, lorsqu’elle me fit l’honneur de me recevoir, m’a déclaré que son mari lui avait toujours dit que c’était lui, Alfred Tattet, qui s’était aperçu de l’intimité existant entre G. Sand et le docteur, ce dont il avait averti Alfred de Musset déjà convalescent. Musset, qui n’avait jamais eu la moindre Vision au sens où l’entend son frère, entra dans une rage folle à cette nouvelle ; il voulut se lever pour tuer G. Sand et Pagello ; Tattet parvint à le calmer, et il se contenta de provoquer Pagello en duel. C’est à cela que G. Sand fait évidemment allusion dans la lettre qu’elle adressa le 24 août 1838 à Alfred Tattet : «…Je trouvais légitime que vous me préférassiez votre ami ; et, après tout, vous me rendiez un plus grand service que de me garder le secret, car vous l’empêchiez de se battre et je n’eusse pas voulu payer votre silence au prix de la moindre goutte de son sang…. » Enfin, G. Sand parvint à illusionner Alfred de Musset et à lui persuader que Tattet avait mal vu. Cela ne vous semble-t-il pas plus vraisemblable que le récit alambiqué de Paul de Musset ?

Cette même relation de Paul de Musset parle aussi d’une querelle survenue pendant la convalescence d’Alfred. Une nuit, Alfred surprit George écrivant sur ses genoux ; il voulut savoir ce qu’elle disait dans cette lettre et à qui