Autrement dit :
Eau de cerises noires 1 once, 2 gros.
Laudanum liquide de Sydenham 20 gouttes.
Eau distillée de laurier cerise 15 gouttes.
[Illustration : Fac-similé de l’Ordonnance du docteur Pagello.]
Pendant plus de huit jours, le poète fut soigné avec un admirable dévouement par George Sand et Pagello qui ne quittèrent pas son chevet :
«….Par instants les sons de leurs voix me paraissaient faibles et lointains ; par instants ils résonnaient dans ma tête avec un bruit insupportable. Je sentais des bouffées de froid monter du fond de mon lit, une vapeur glacée, comme il en sort d’une cave ou d’un tombeau, me pénétrer jusqu’à la moelle des os. Je conçus la pensée d’appeler, mais je ne l’essayai même pas, tant il y avait loin du siège de ma pensée aux organes qui auraient dû l’exprimer. A l’idée qu’on pouvait me croire mort et m’enterrer avec ce reste de vie réfugié dans mon cerveau, j’eus peur, et il me fut impossible d’en donner aucun signe. Par bonheur, une main, je ne sais laquelle, ôta de mon front une compresse d’eau froide que j’avais depuis plusieurs jours et je sentis un peu de chaleur. J’entendis mes deux gardiens se consulter sur mon état, ils n’espéraient plus me sauver……. »[1].
« Le 5 février, George Sand écrivait à Boucoiran : «…Je viens d’annoncer à Buloz l’état d’Alfred, qui est fort alarmant ce soir…… » Et le 8, au même : «…..La maladie suit son cours sans de trop mauvais symptômes, mais non pas sans symptômes alarmants…… Heureusement j’ai trouvé enfin un jeune médecin excellent, qui ne le quitte ni jour ni nuit et qui lui administre des remèdes d’un très bon effet…… Gardez toujours un silence absolu sur la maladie d’Alfred et recommandez le même silence à Buloz…… »
- ↑ Relation de ce qui s’est passé à Venise, par Paul de Musset, manuscrit inédit. — Voir un peu plus loin.