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Dans le plus grand silence
Paul se versant du thé
Écoute l’éloquence
De Menard tout crotté.

Planche, saoul de la veille,
Est assis dans un coin
Et se cure l’oreille
Avec le plus grand soin.

La mère Lacouture[1]
Accroupie au foyer
Renverse une friture
Et casse un saladier.

De colère pieuse,
Gueroult tout palpitant
Se plaint d’une dent creuse
Et des vices du temps.

Pâle et mélancolique
D’un air mystérieux
Papet[2] pris de colique
Demande où sont les lieux.

Débraillé ou non, Musset dessine sur un album la charge des habitués de la maison, Rollinat, Gueroult, Mérimée, Dumas « charpentant un viol », Sainte-Beuve, qu’il appelle le « bedeau du temple de Gnide », Buloz, et, après beaucoup d’autres, lui-même, en « ballade à la lune », en « Don Juan allant emprunter dix sous », en « poète chevelu »[3], et, pour se faire pardonner ses caricatures, essaye un portrait plus sérieux de Lelia :

  1. Femme de ménage de George Sand.
  2. Gustave Papet, ami de George Sand.
  3. Cet album de dessins d’Alfred de Musset, renferme huit portraits de George Sand. M. A. Brisson a donné dans le Temps du 4 novembre 1896 la description détaillée de plusieurs de ces pages, qui sont en bonnes mains. — Maurice Sand a également caricaturé les amis de sa mère ; ses charges de A. Gueroult, Buloz, Ch. Didier, etc., ont beaucoup de rapport avec celles qu’en avait fait Alfred de Musset. George Sand a fait aussi plusieurs caricatures de ses habitués. — A la même époque, le poète s’est encore rendu coupable de certaine Revue Romantique, absolument inconnue, « généralement attribuée à M. de Chateaubriand », et que George Sand a consignée pages 79 et 80 de son journal intime, Sketches and Hints.