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Dans des stances burlesques fort connues, le Songe du Reviewer ou Buloz consterné, Musset chante les rédacteurs de la Revue des Deux-Mondes :

George Sand est abbesse
Dans un pays lointain ;
Fontaney sert la messe
A Saint Thomas d’Aquin ;
Fournier, aux inodores,
Présente le papier,
Et quatre métaphores
Ont étouffé Barbier.

Cette nuit, Lacordaire
A tué de Vigny ;
Lherminier veut se faire
Grotesque à Franconi ;
Planche est gendarme en Chine ;
Magnin vend de l’onguent ;
Le monde est en ruine :
Bonnaire est sans argent !!![1]

Dans une autre pièce de vers, demeurée inédite, Alfred décrit familièrement les soirées de son amie :

George est dans sa chambrette,
Entre deux pots de fleurs,

Fumant sa cigarette,
Les yeux baignés de pleurs.

Buloz, assis par terre,
Lui fait de doux serments ;
Solange, par derrière,
Gribouille ses romans.

Planté comme une borne,
Boucoiran[2] tout crotté
Contemple d’un œil morne
Musset tout débraillé.

  1. Je cite ces deux dernières strophes, dont le texte publié jusqu’à ce jour, est fort incorrect.
  2. Précepteur de Maurice Sand.