de rancunes particulières : — on ne saurait préparer avec trop de soin le difficile triomphe de la vérité.
Mais, d’abord, adressons l’hommage de notre plus respectueuse gratitude à Mme Lardin de Musset, la sœur de « Lui » ; à Mme Lina Sand, la veuve du fils d’« Elle », qui ont mis généreusement à notre disposition tous les documents qu’elles possèdent. Il nous faut remercier aussi M. Alexandre Tattet, qui nous a communiqué les lettres adressées à son frère.
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Alfred de Musset et George Sand se virent pour la première fois au mois d’avril ou de mai 1833. Écrivant l’un et l’autre à la Revue des Deux-Mondes, ils avaient naturellement l’occasion de se rencontrer ; des amis communs, Sainte-Beuve surtout, firent le reste. Relations de courtoisie littéraire, d’abord : Alfred de Musset envoyait des vers à George Sand, Après la lecture d’Indiana, datés du 24 juin 1833[1], puis des fragments de son poème Rolla qu’il écrivait en ce moment. Peu à peu leur intimité devint plus grande et George Sand adresse à Musset un exemplaire de Lelia portant ces dédicaces :
Tome I : « A Monsieur mon gamin d’Alfred, George. »
Tome II : « A Monsieur le vicomte Alfred de Musset, hommage respectueux de son dévoué serviteur, George Sand. »
Envoi auquel Musset répond : « Éprouver de la joie à la lecture d’une belle chose, faite par un autre, est le privilège d’une ancienne amitié. Je n’ai pas ces droits auprès de vous, madame ; il faut cependant que je vous dise que c’est là ce qui m’est arrivé en lisant Lélia… »
[Illustration : George Sand, portrait-charge dessiné au crayon par Alfred de Musset.]
- ↑ Cette poésie ne se trouve pas dans les Œuvres d’Alfred de Musset, mais Paul de Musset l’a publiée dans la Revue des Deux-Mondes du 1er novembre 1878.