loir bien encourager un talent consacré par l’estime du public, depuis ses débuts qui datent de 1830 ; nous admirons cette complaisance à reconnaître que ce talent commence à donner des espérances, lorsque tout le monde, excepté les académiciens qui ne lisent rien, sait par coeur ses poésies ; lorsqu’il n’y a pas de jour où les affiches des théâtres n’annoncent ses pièces, que les académiciens ne connaissent point, parce qu’ils se gardent bien d’aller au spectacle et de se tenir au courant de la littérature dramatique ; lorsque le Théâtre de la République doit à M. Alfred de Musset ses merveilleuses recettes : encourager ce talent à poursuivre sa carrière, c’est trop de bonté….. »
Le Charivari du 19 août accentue la note et espère que « M. de Musset ne peut pas être complice de cet acte », lui qui perd un traitement de trois mille francs, et dont les pièces sont les seules qui fassent recette au Théâtre Français. Non, l’Académie a manqué de dignité pour elle et pour le poète ; si elle veut à toute force servir M. de Musset, pourquoi ne lui donnerait-elle pas le fauteuil laissé vide par la mort de Chateaubriand : « Voilà comment l’Académie se fût honorée en honorant le poète ; mais ce prix Maillé Latour-Landry, fi donc ! jamais je ne pourrai oublier le sourire et l’ironie de M. Villemain en proclamant la décision de l’Académie ».
Le Bien Public du 21 août insère une note sur cette attribution.
A la suite de sa conférence avec son frère, Alfred de Musset avait adressé une lettre au National, qui la publia dans son numéro du 21 août, avec ce commentaire[1] :
« Nous recevons de M. Alfred de Musset, une lettre qui ne nous étonne pas de la part d’un poëte homme de cœur. Nos lecteurs, qui sont au courant des termes du programme des prix décernés en 1848 par l’Académie Française, apprécie-
- ↑ Publié : Mélanges de littérature et de critique, par Alfred de Musset. Paris, Charpentier, 1867. 1 vol. in-12, p. 274.