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mots, voulaient égarer l’opinion [1]. Quant à liquider la pension de retraite d’Alfred de Musset, en vertu de l’article 2 du décret du 2 mai 1848, il n’en fut jamais question.

LE PAMPHLET QUOTIDIEN ILLUSTRÉ, 20 juin 1848. — «…Subterfuge odieux, escobarderie ridicule ! mensonge trois fois stupide ! Non, ce n’est pas M. Recurt qui a révoqué le noble esprit ! C’est monseigneur Ledru-Rollin, ex-pacha de l’intérieur : Ah ! vous espériez donner le change à la presse ! Ah ! vous vouliez nous flouer la vérité comme vous nous avez floué la république ! Comme vous vous êtes partagé les ministères ! Intelligences abruties par le pouvoir et la popularité, vous vous attaquez aux poëtes maintenant, c’est-à-dire à quelque chose de plus inoffensif qu’un enfant, de plus faible qu’une femme, de plus sacré qu’un prêtre. Platon chassait les poëtes de la République, mais il ne les condamnait pas au dénuement ; il les reconduisait à la frontière au son des doubles flûtes et des cymbales d’airain ; il couronnait leurs têtes de fleurs comme l’agneau des sacrifices, et les disait fils des dieux. Vous, vous flanquez à la porte, brutalement, mesquinement, stupidement ! Voilà bien les profanateurs, et quels profanateurs ! les écrivains des fameux Bulletins de la république… Que dira l’avenir, quand on écrira : Lamartine était tout puissant, Alfred de Musset ne fut rien, pas même bibliothécaire… »

La Liberté du 22 juin ayant publié l’entrefilet suivant :

« M. Alfred de Musset n’a point, comme on l’avait cru, été révoqué de ses fonctions de bibliothécaire du ministère de l’intérieur. »

Le Pamphlet quotidien du 23 juin releva vertement cette récidive de mensonge, ajoutant : « Nous tenons de

  1. Voir : Charivari, 16 juin. Le Commerce, 18 et 20 juin. Les Saltimbanques, 18 juin. La Presse, 19 et 30 juin. Le Pamphlet quotidien, 21 juin. La Providence, 21 juin. Le National, 21 juin. Nouvelles du jour, 22 juin. Le Petit-fils du Père Duchesne, 21-24 juin. Artiste, 1er juillet. Le Mois, 16 juillet 1848. — La Comédie parisienne, journal d’Albéric Second, dans sa livraison du 10 mai 1857, p. 292 ; publie deux lettres : l’une d’Alfred de Musset, l’autre d’Albéric Second, relatives à cette destitution. Dans le tome II de ses Confessions (Dentu, 1885. In-8º, p. 342), Arsène Houssaye revient sur ce sujet.