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« Paris, 17 juin 1848.

« Citoyen Rédacteur,

« Dans un article très long, mais fort peu bienveillant, vous annoncez que le citoyen Recurt, ministre de l’intérieur, a révoqué de ses fonctions de bibliothécaire du ministère de l’intérieur le citoyen Alfred de Musset.

« La seule réponse qu’on puisse faire à cet article est que le citoyen Recurt, ministre de l’intérieur, n’a pas plus révoqué le citoyen Musset qu’il n’a pourvu à son remplacement.

« Je vous prie, citoyen Rédacteur, de bien vouloir insérer cette lettre dans la Patrie de ce soir.

« Salut et fraternité.

« DIEUDONNÉ ».

Cette lettre fut publiée dans la Patrie du 18 juin, et le 20 juin, le même journal donnait la réponse d’Alfred de Musset :

« Monsieur,

« Je lis dans votre journal qu’on avait annoncé par erreur que j’étais destitué de la place de bibliothécaire, et que le ministre a fait démentir ce bruit. Voici, à ce sujet, la lettre que j’ai reçue un mois après sa date :

(Suit la lettre de M. Carteret du 8 mai 1848).

« Cette lettre, vous le voyez, est aussi claire que laconique. Quant aux droits à la retraite, pour en avoir, il faudrait que j’eusse été nommé bibliothécaire à l’âge où j’apprenais à lire. Veuillez croire, Monsieur, que je n’aurais jamais songé à entretenir le public d’une chose de si peu d’importance, si je n’étais pas profondément touché des marques d’intérêt et de bienveillance que j’ai reçues de la presse en cette occasion.

« Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma parfaite considération.

« ALFRED DE MUSSET ».

Ces deux lettres firent le tour de la presse, accompagnées des marques non équivoques du mépris qu’inspirait la conduite de ceux qui, par un misérable jeu de