« RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
« Paris, 5 mai 1848.
« Au nom du Peuple,
« Le Ministre de l’Intérieur arrête :
« Le citoyen Alfred de Musset, bibliothécaire au Ministère de l’Intérieur, est révoqué de ses fonctions.
« LEDRU-ROLLIN ».
« RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
« Paris, 5 mai 1848.
« Au nom du Peuple,
« Le Ministre de l’Intérieur arrête :
« Le citoyen Marie Augier est nommé aux fonctions de bibliothécaire au Ministère de l’Intérieur ; il jouira d’un traitement de 3,000 francs à partir du 1er mai courant.
« LEDRU-ROLLIN ».
On voit, par ces textes, que le citoyen ministre appelait les choses par leur nom et aimait les situations nettes[1]. Mais était-ce bien Ledru-Rollin le véritable auteur de cette révocation ? Il est permis d’en douter. Nul n’ignore que le ministre de l’Intérieur avait pour conseiller intime l’héroïne de Venise qui, subitement éprise des théories socialistes, venait de se lancer dans la politique et stupéfiait ses concitoyens par les principes qu’elle émettait dans les Bulletins de la République. Ce simple rapprochement de noms suffit, ce me semble, pour indiquer la part de responsabilité qui incombe à chacun. Et, même en admettant que George Sand n’eût pas demandé la destitution de Musset, qu’elle ait simple-
- ↑ Voir : Études et Récits sur Alfred de Musset, par Mme la Vicomtesse de Janzé. Paris, Plon, 1891. 1 vol. in-12, p. 92. On y trouvera le texte d’une lettre d’Alfred de Musset à Mme E. de Girardin, dans laquelle il la prie de garder le silence sur cette destitution. — Lettre de Maxime Du Camp dans le Figaro du 25 septembre 1882.