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DOCUMENTS SUR ALFRED DE MUSSET

son bibliothécaire et secrétaire particulier, de les réorganiser[1]. Bien qu’il dût connaître M. Vatout, qui remplissait ces fonctions de secrétaire depuis de longues années et qu’il n’était pas sans avoir rencontré à Neuilly, Alfred de Musset préféra s’adresser à son ancien condisciple, le duc d’Orléans, dont la haute protection ne pouvait lui faire défaut :

— Les journaux annoncent, écrivait-il au duc, que M. Vatout est chargé de la réorganisation des Bibliothèques de la Maison du Roi : « J’ose recourir à la bonté de Votre Altesse et la supplier de me recommander à M. Vatout. J’espère en cette occasion que Votre Altesse Royale me pardonnera de l’importuner et qu’elle ne voudra bien voir dans les demandes que je lui adresse qu’un désir de cultiver, grâce aux bontés de Votre Altesse, des goûts qui ont dirigé toutes mes études et auxquels ma position ne me permet pas de me livrer entièrement[2] ».

Le duc d’Orléans avait à cœur de réparer l’accueil déplorable fait par son père au sonnet Au Roi, après l’attentat de Meunier ; aussi, la réponse ne se fit point attendre, et dans une lettre en date du 22 octobre 1838,

  1. Le Moniteur Universel du 15 septembre 1839 consacre une notice à M. Vatout. Lors de son admission à l’Académie française, Le National, dans son numéro du 7 janvier 1848, publia sur le nouvel immortel les lignes suivantes qui ne sont pas signées : « Monsieur Vatout, directeur des bâtiments civils a été élu aujourd’hui par l’Académie française en remplacement de M. Ballanche….. qu’a donc fait M. Vatout ? Il faut bien l’oser écrire enfin ! Il a fait deux chansons très gaies, l’une de gaieté de corps de garde, l’autre d’une gaieté de moine : L’Écu de France et Le maire d’Eu ! C’est avec ces deux calembourgs qu’on s’assied aujourd’hui dans le fauteuil de Bossuet…. On assure que ces agréables ordures ont fait les délices de la cour, à ce point, qu’un personnage dont la voix a coutume de compter, a déclaré qu’il tiendrait pour ses ennemis personnels tous ceux qui refuseraient leurs voix à M. Vatout. L’Académie, dans sa fière indépendance, se l’est tenu pour dit : elle a ouvert ses portes à l’auteur du Maire d’Eu protégé par L’Ecu de France….. »
  2. L’original de cette lettre figure au Catalogue des Autographes de M. Charles Keisner, vente hôtel Drouot, 12 mars 1899, G. Charavay, in-8º, no 126, qui en cite un fragment.