VIII
Les Frères Van Buch, légende allemande, tel est le titre d’une nouvelle en prose publiée dans le CONSTITUTIONNEL du 27 juillet 1844 et précédée d’une Lettre au Directeur.
Dans une petite ville des bords du Rhin, habite le vieil orfèvre Hermann ; sa fille Wilhelmine revient ce jour même du couvent, et, dès leur première rencontre avec deux jeunes graveurs, voisins et hôtes assidus de son père, Henri et Tristan Van Buch, inspire un violent amour aux deux frères. Les jeunes hommes se cachent leur mutuelle passion, mais leurs rêves les trahissent, et dans l’impossibilité où ils sont d’épouser la même jeune fille, ils décident de s’en rapporter à son choix : « Ma fille, leur répond l’orfèvre, vous a vus tous deux ; elle chérira Tristan comme un époux et Henri comme un frère. » Henri s’efface devant l’heureux élu, mais bientôt il se sent incapable de tenir son serment. Un jour qu’ils chassent, il s’en ouvre à son frère et le supplie d’attendre qu’il soit mort pour épouser Wilhelmine ; devant un si grand désespoir, Tristan offre à Henri de lui céder ses droits : « Que je l’épouse ! s’écria l’autre. Me transmettrez-vous son amour en me transmettant vos droits ? Il faut cependant que l’un de nous en meure ! ajouta-t-il d’une voix sombre. Sa main tremblait et battait contre son couteau de chasse. — Oui, répondit Tristan. » Et la lutte s’engage. Bientôt tous deux sont mortellement frappés ; Tristan tombe à terre, mais Henri reste debout, vacillant et immobile : « Du fond de la vallée, dans le crépuscule, une forme vague sembla tout à coup se détacher et s’avancer vers eux. Elle montait lentement la colline et, à mesure qu’elle appro-