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Cela se poursuit dans la réplique de Féron, et, quelques vers plus loin, la ressemblance est encore plus grande :

FRANÇOIS Ier

…….. Ah ! ce n’est pas la mort qui m’épouvante !
L’Espagnol me connaît, de reste, et je me vante
Que dans toute l’Europe il n’est pas chevalier
Plus âpre à la besogne et plus franc de collier.
Pourquoi, dans les combats, n’ai-je perdu la vie ?
Je serais si bien mort aux plaines de Pavie,
Au bruit des instruments de guerre et des clairons,
Entouré de mes preux chevaliers et barons !
Mon armure eût servi de linceul militaire
Et mes soldats pleurant m’auraient mis dans la terre
Humide encor du sang que ma main eût versé,
Comme ils ont fait Bayard, quand il a trépassé.

Et dans Alfred de Musset :

LE ROI

Dieu du saint Évangile ! O Dieu, j’ai fait pourtant
Brûler par Bonneval tout un bourg protestant !
Dans un pourpoint de fer, certes, je fus à l’aise ;
Maintenant, je suis mort, ma cuirasse me pèse !
O mon cousin Bayard ! Il mourut tout poudreux,
Les reins tout fracassés !….. Il était bien heureux !
(Délirant) Oh ! parmi les tournois, les écharpes dorées,
Les vieux barons de fer, les femmes adorées !
O soleil d’Italie ! O mon beau Milanais !
Où trouver pour mourir, tes champs, si je renais ?
Mourir la dague au poing, mourir le casque en tête,
Des éclairs que l’acier croise dans la tempête !
En bas d’un palefroi saillir contre un sol dur,
Et tomber sur le dos, sous un beau ciel d’azur !
Hardi, mes preux sans peur, ma vaillante noblesse !
Hardi, mes lansquenets, dans la mêlée épaisse !
Hardi ! — C’est d’Alençon sur la colline assis !
C’est Chabanne et ses gens, de poussière noircis !
Bien combattu, Dunois ! Comme il court, comme il vole !
Je te fais duc et pair, Dunois, sur ma parole !
Trivulce ! A Marignan et tant d’autres endroits,
Mes féaux serviteurs, on vous a vus tous trois !