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Voici la ballade que chante Sténie au premier tableau :

— Beau fiancé, lui dit la dame,
Rattache-moi mes blonds cheveux,
Fais m’en deux tresses et sept noeuds.
Beau fiancé, je suis ta femme ;
Emporte-moi dans ton mantel
Jusqu’au foyer de ton chatel.

— Hélas ! mon amante chérie,
Toute parée en argent fin,
Qui devait m’épouser demain
Dans l’église Sainte-Marie !
Elle m’attendra jusqu’au soir
Dans la grand’salle du manoir.

— Qu’elle t’attende et qu’elle sache
Que ses yeux noirs ne verront plus
Tes varlets aux brillants écus,
Ton casque d’or au blanc panache.
Ton épouse, beau damoiseau,
C’est la pâle Fleur du Lys d’eau !

Mais si la pièce d’Alfred de Musset n’a pas été jouée, le théâtre de l’Opéra-Comique a donné le 31 décembre 1833 la première représentation de Le Revenant, opéra fantastique en deux actes, paroles de M. Albert de Calvimont, musique de Gomis (Paris, Barba, 1834. In-8º), dont le sujet est pris à la même source et l’intrigue presque identique[1]. Albert de Calvimont remonte au point de départ de la légende : nous assistons à la mort de Sir Robert, qui rend l’âme au moment où il va signer la quittance de Sténie ; Miss Eveline est devenue Sara, la filleule de Sir Robert, et Johny le braconnier est remplacé par le fantôme du sommelier Dugald, qui agit

  1. On trouvera des comptes-rendus de cette pièce dans : Journal des Débats, 6 janvier 1834. Le Moniteur Universel, 6 et 13 janvier 1834. Revue des Théâtres, 12 janvier et 6 février 1834. Le Journal des Femmes, 8 février 1834. L’Artiste, 12 janvier 1834, etc…