Page:Clouard - Documents inédits sur Alfred de Musset, 1900.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

ce don, un peu plus d’indulgence (l’amour n’est que pardon), elle ne serait peut-être pas un peintre aussi incomparable. Elle n’aurait pas non plus commis les deux seules erreurs graves de sa vie, de parler de ses ancêtres féminins dans ses Mémoires et d’Alfred de Musset dans son livre. Deux malheurs que l’honnête homme a pu se permettre, mais que la femme, si elle eût été plus terriblement femme, n’aurait pas admises, alors même que le vilain monstre pécuniaire et corrupteur qui lui a soufflé ces crimes contre la délicatesse d’âme, l’eût encore plus violemment entraînée à les commettre.

« Mais il faut accepter ce que Dieu nous donne, la cerise avec son poison et l’ananas avec son ivresse et le soleil de l’Inde avec la fièvre. Il y a chez George Sand un génie de peinture, une grandeur de sentiment, une largeur chaude de style artistique, rares chez les génies les plus rares, qui, mêlés à une probité et à une équité superbes, en font un des plus beaux honneurs de notre France actuelle.

« Je serai très heureux qu’elle veuille bien agréer mon humble hommage et je vous remercie bien cordialement d’une entremise qui me rend, certes, notre grand homme plus favorable….

« Mille tendres et respectueux remerciements.

« PHILARÈTE CHASLES ».

  *       *       *       *       *

Aujourd’hui, toutes ces haines sont mortes ; le poète est couché selon ses vœux sous le saule qu’il a lui-même demandé :

Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière ;
J’aime son feuillage éploré,
La pâleur m’en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai.

Tandis que là-bas, sous le grand cyprès, la Bonne Dame de Nohant repose auprès de son fils et de son