passé n’existait plus, ou du moins, ne se ressemblait. Un monde nouveau m’apparaissait comme si je fusse né de la veille…. Je compris alors ce que c’est que l’expérience, et je vis que la douleur apprend la vérité…. »[1]
M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul, dans son livre, cite les lettres qu’« Elle » et « Lui » échangèrent en 1840 à propos de leur correspondance passée. — Moi-même ai déjà raconté dans une lettre publiée par l’Intermédiaire des chercheurs et curieux du 20 novembre 1892, comment M. Jules Grévy, pour Alfred de Musset, et M. F. Rollinat, pour George Sand, furent chargés, en vue d’un échange, de reconnaître les paquets de lettres confiés pour le moment à Gustave Papet (qui les tenait de Mme Ursule Josse, et j’ajouterai qu’ils passèrent ensuite par les mains de MM. Alexandre Manceau, Ludre Gabillaud, et enfin Émile Aucante, détenteur actuel) et comment l’affaire n’aboutit pas.
Dans les premiers jours de 1841, nouvelle rencontre des deux anciens amants, qui inspire à Alfred de Musset son Souvenir[2].
Au commencement de l’année 1844, Paul de Musset visite l’Italie et son frère lui rappelle l’ancien amour dans les stances qu’il lui dédie[3] :
Toits superbes, froids monuments,
Linceul d’or sur des ossements,
Ci-gît Venise !
Là, mon pauvre cœur est resté !
S’il doit m’en être rapporté,
Dieu le conduise !
- ↑ Publié dans la Biographie d’Alfred de Musset par Paul de Musset (Charpentier, 1877. 1 vol. in-12, p. 133). J’ai rectifié le texte sur l’autographe. — Un autre fragment est déjà cité ci-dessus.
- ↑ Publié dans la Revue des Deux-Mondes du 15 février 1841. M. Maxime Du Camp, dans ses Souvenirs Littéraires (Hachette, 1882-1883, 2 vol. in-8, T. II, p. 358) fait un récit différent de celui de Paul de Musset.
- ↑ A mon frère revenant d’Italie, Revue des Deux-Mondes, 1er avril 1844.