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Pendant l’hiver de 1837, George Sand vint passer quelques jours à Paris ; ils se retrouvent et ont « six heures d’intimité fraternelle, après lesquelles il ne faudra jamais se mettre à douter l’un de l’autre, fût-on dix ans sans se voir et sans s’écrire. »

« Tu peux disposer de moi comme d’un ami, et compter que je ferai avec joie tout ce qui te sera agréable », répond-elle le 19 avril 1838 à Alfred de Musset qui lui avait recommandé quelqu’un.

La même année ou l’année suivante, Alfred de Musset impose silence à Alfred Tattet qui avait raconté divers incidents du voyage à Venise :

« J’apprends, mon cher Alfred, que vous avez manqué plusieurs fois à la parole que vous m’aviez donnée de garder le silence sur tout ce qui s’est passé en Italie. Cela m’a fait beaucoup de peine, d’abord pour vous, qui manquez à votre promesse, et ensuite pour moi, qui ai cru, pendant plus de quatre ans, avoir un véritable ami.

« T. à v.

« ALFD DE MUSSET. »

En 1839, Alfred de Musset écrit Le Poète Déchu, sorte d’autobiographie inédite, qui ne fut pas terminée et dont le manuscrit a été presqu’entièrement détruit par son frère Paul (il n’en subsiste plus guère que les divers fragments publiés dans la Biographie). Alfred de Musset y dépeint ainsi son état moral, après sa rupture avec George Sand :

«….J’étais si sûr de moi, que je crus d’abord n’éprouver ni regret ni douleur. Je m’éloignai fièrement. Mais à peine eus-je regardé autour de moi, que je vis un désert…. Je rompis avec toutes mes habitudes, je m’enfermai dans ma chambre, j’y passai quatre mois à pleurer sans cesse, ne voyant personne…. Plus tranquille, je jetai les yeux sur tout ce que j’avais quitté ; au premier livre qui me tomba sous la main, je m’aperçus que tout avait changé : rien du