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VI

APRÈS

Après leur rupture, Alfred de Musset avait continué d’écrire à George Sand, à des intervalles plus ou moins longs ; une correspondance d’un nouveau genre, toute amicale, s’était établie entre eux :

George Sand à Alfred de Musset.

« Avec les gens qu’on n’aime ni n’estime, on peut avoir des exigences et ne pas se donner la peine de les motiver. De moi à toi, il n’en sera jamais ainsi et je ne te demanderai jamais rien sans savoir de toi-même à quel point tu approuves ma demande. »

[1836]

Lorsqu’au mois de janvier 1836 la Confession d’un Enfant du Siècle parut en librairie, George Sand fit part à Mme d’Agoult de ses impressions :

«….Je vous dirai que cette Confession d’un Enfant du Siècle m’a beaucoup émue en effet. Les détails d’une intimité malheureuse y sont si fidèlement rapportés depuis la première heure jusqu’à la dernière, depuis la soeur de charité jusqu’à l’orgueilleuse insensée, que je me suis mise à pleurer comme une bête, en fermant le livre. Puis j’ai écrit quelques lignes à l’auteur pour lui dire je ne sais quoi : que je l’avais beaucoup aimé, que je lui avais tout pardonné et que je ne voulais jamais le revoir… Je sens toujours pour lui, je vous l’avouerai bien, une profonde tendresse de mère au fond du cœur ; il m’est impossible d’entendre dire du mal de lui sans colère, et c’est pourquoi quelques-uns de mes amis s’imaginent que je ne suis pas bien guérie…. »[1]

  1. Fragment inédit d’une lettre datée de La Châtre, 25 mai 1836, publiée dans la Correspondance de G. Sand (Paris, C. Lévy, in-12, T. I, p. 365), lequel a été publié postérieurement par M. Rocheblave dans la Revue de Paris du 15 décembre 1894, p. 812.