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« A Monsieur Boucoiran, Passage Choiseul, 28.

« Monsieur,

« Je sors de chez Madame Sand et on m’apprend qu’elle est à Nohant. Ayez la bonté de me dire si cette nouvelle est vraie. Comme vous avez vu Madame Sand ce matin, vous avez pu savoir quelles étaient ses intentions, et si elle ne devait partir que demain, vous pourriez peut-être me dire si vous croyez qu’elle ait quelques raisons pour désirer de ne point me voir avant son départ. Je n’ai pas besoin d’ajouter, que dans le cas où cela serait, je respecterais ses volontés.

« ALFRED DE MUSSET ».

Cette fois, c’était fini et bien fini. Ce fut une détente, un soulagement :

George Sand à Boucoiran[1].

« 9 mars 1835.

« Je suis très calme, j’ai fait ce que je devais faire ; la seule chose qui me tourmente, c’est la santé d’Alfred ».

Pendant un mois environ, elle fut en proie à une sorte de maladie de langueur, puis le calme vint réellement, et bientôt l’indifférence.

Chez Alfred de Musset, au contraire, l’apaisement parut se faire tout de suite, mais ce n’était qu’une apparence trompeuse.

J’ai vu le temps où ma jeunesse
Sur mes lèvres était sans cesse
Prête à chanter comme un oiseau ;
Mais j’ai souffert un dur martyre,
Et le moins que j’en pourrais dire,
Si je l’essayais sur ma lyre,
La briserait comme un roseau.[2]

  1. Publié par M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul (Cosmopolis puis dans Véritable Histoire, etc…).
  2. La Nuit de Mai, écrite en mai 1835. — On prétend que toutes les Nuits sont adressées à George Sand. Tel n’est pas mon avis. Ce n’est pas elle l’inconnue de la Nuit d’Octobre à laquelle il dit : « Honte à toi qui la première,